La veille, le dimanche 30 avril, le président élu donnait une entrevue exclusive en créole à la radio communautaire haïtienne d'Ottawa. M. Préval qui a déjà servi comme premier ministre en 1991, a été également président de la république de 1996 à 2001. Le peuple vient de lui renouveler sa confiance le 7 février 2006 au cours des premières élections tenues en Haïti depuis le renversement du président Aristide le 29 février 2004 par les États-Unis, la France et le Canada. Lors de ce sanglant coup d'état, tous les élus haïtiens furent destitués. Le gouvernement Latortue installé par les grandes puissances, s'est nettement signalé par son incompétence, la corruption, la répression politique et policière ainsi que par les nombreuses violations de la Constitution. Fait inédit, M. Latortue révoqua la majorité des membres de la Cour de Cassation ( Cour Suprême )
Au cours de l'entrevue, M. Préval a clairement exprimé sa volonté de faire respecter la souveraineté nationale et de ne servir de marionnette à personne. Pour lui, la question des prisonniers politiques constituera une priorité et devra être résolue dans les meilleurs délais. Il souligna le fait que M. Louis Joinet envoyé spécial des Nations Unies mentionna à plusieurs reprises le caractère illégal et arbitraire de la détention de ces personnes. Tous ces prisonniers sont des membres ou sympathisants du mouvement Lavalas et les plus connus sont Annette Auguste, Yvon Neptune et Jocelerme Privert. M. Préval a également réitéré son intention de faire respecter cette disposition constitutionnelle qui interdit l'exil à des fins politiques. Il y a lieu de mentionner que le retour de M. Aristide en Haïti comme citoyen, demeure le point central des revendications populaires.
Une semaine plus tôt, les membres du comité Ottawa-Haïti Solidarité ont demandé à Mme Alexa Mc Donnough, critique du NPD en matière des Relations Extérieures de faire pression pour la libération des prisonniers politiques avant l'entrée en fonction du président Préval. Ceci, dans le but de dégager son administration de cet épineux problème.
Deux organisations basées à Montréal, ont profité de la visite de M. Préval pour exiger du premier ministre canadien M. Harper des excuses, pour les torts irréparables causés par le Canada à la jeune démocratie haïtienne lors de son intervention avant et après le coup d'état.
Préval s'est montré optimiste pour les futures relations avec les États-Unis et a parlé de la nécessité d'un pacte de gouvernabilité pour les 25 prochaines années afin de stabiliser la gouvernance et favoriser la croissance.
Le président, indirectement critiqua l'actuel chef de l'état (de facto) M. Boniface Alexandre qui abdique de ses responsabilités constitutionnelles concernant les relations avec les autres pays au profit d'un premier ministre (également de facto) tout puissant.
Concernant les relations avec Cuba et le Vénézuela qui ont fait sourcillé plus d'un, M. Préval a été très clair, les intérêts du pays sont sa priorité et la souveraineté nationale n'est pas négociable. Cuba nous fournit une aide médicale appréciable et l'intégration d' Haïti dans Petro-Caribe est une bouffée d'oxygène pour contrer les prix faramineux du carburant. Les relations entre les États-Unis et le Vénézuela, c'est leurs affaires, pas celles d'Haïti.
Le président élu sera à Montréal mardi 2mai 2006, il doit rencontrer le premier ministre du Québec M. Jean Charest et s'adressera par la suite aux membres de la communauté haïtienne.
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