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Tsux'iit : mieux comprendre la spiritualité autochtone

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July 20, 2005

Tsux'iit : mieux comprendre la spiritualité autochtone

by Kim Petersen

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Depuis que le Pape Alexandre VI, en 1493, a donné à l'Espagne le pouvoir sur les « Amériques » et au Portugal l'Afrique, les Caraïbes et un morceau du Brésil, les autorités religieuses chrétiennes ont autorisé la conquête des « Amériques ». Bien que les peuples autochtones aient été forcés à se familiariser avec la chrétienté, la connaissance contemporaine des colons envers les diverses religions indigènes demeura vague.

Sur la côte ouest de l'île de Vancouver, un conflit des temps modernes est en train de se dérouler. Les officiels du gouvernement canadien ont tenté de subordonner la révérence envers la vie qui fait partie intégrale de la spiritualité des communautés vivant là depuis des milliers d'années.

Les majestueux épaulards (orcinus orca) sont les plus grands des dauphins. Ils sont devenus l'emblème de la province de Colombie Britannique où ils nagent dans des bassins ou bien par où ils transitent. En 1999, l'un d'entre eux est né dans le bassin « L », le plus grand bassin du sud dans les eaux de l'océan Pacifique du nord-ouest. En juillet 2001, ce jeune épaulard, L98, est apparu, seul, sur la côte nord-ouest de l'île de Vancouver, à Nookta Sound (où le navigateur James Cook s'est fait accueillir en 1778. Le nom Nookta est supposé venir du fait que Cook avait du mal à prononcer la langue autochtone Nuu-Chah-Nulth).

Le jeune cétacé s'est établi près de Gold River – une petite communauté dans les intérieurs de l'îlette Muchalaht- et a reçu beaucoup d'attention de la part des médias. On l'a nommé Luna lors d'un concours organisé par un journal de Seattle parce qu'il « explore l'océan comme la lune explore la Terre ».

Cependant, la tribu autochtone « Mowachaht/Muchahaht » (TAMM) l'a nommé Tsux'iit comme leur chef décédé Ambrose Maquinna. « Chef Ambrose a dit qu'il aimerait être un « kakawin » (épaulard dans la langue Nuu-Cah-Nulth) dans sa prochaine vie » affirme Jamie James, un gérant de poissonnerie de la tribu. « Quatre jours après sa mort, Tsux'iit est apparu ». Selon J. James, dans la culture de cette tribu, tout fonctionne par groupes de quatre. L'arrivée de Tsux'iit, donc, était un événement significatif pour eux.

J. James explique : « Les chefs croient que lors de leur mort, ils se transforment en animal. Dans la culture de la tribu Mowachaht/Muchalaht, le « kakawin » est le shérif de la mer, le loup est le shérif de la terre et l'aigle, le shérif de l'air. La tribu a toujours tenu à protéger la terre et ses ressources depuis des milliers d'années et continue à le faire de nos jours.


Certains pensaient que Tsx'iit rejoindrait le bassin « L » un jour ou l'autre, mais il n'en fut rien. Tsux'iit avait l'air en bonne santé. Ses jeux et sa convivialité ont commencé à attirer les touristes dans cette communauté qui essayait encore de se remettre de la fermeture de sa papeterie en 1998 et de ses conséquences économiques. Cependant, on a craint que la curiosité de Tsux'iit pour les bateaux et le contact humain pouraient lui être dangereux. On a donc décidé de minimiser les contacts directs. Encouragé par le succès d'une autre baleine, Springer, qui a été réintégrée dans son milieu naturel, le Département de la pêche et des océans (DPO) du Canada a prévu de déménager Tsux'iit.

Dave Wiwchar, conseiller en médias et communications du Chef de la TAMM, Mike Makina et éditeur du journal Ha-Shilth-Sa a affirmé : « Le DPO n'a pas du tout consulté la tribu MM au sujet de ses plans de déménager Tsux'iit. »

«Il semble complètement injuste que le DPO essaie d'imposer ses points de vue aux résidents de Gold River et aux membres de la tribu MM qui vivent là depuis la nuit des temps. »

Les gens de la TAMM croient que la baleine a le droit de rejoindre le bassin « L ». Cependant, rajoute J. James, « nous ne sommes pas d'accord avec les méthodes que le DPO prévoit utiliser pour redéménager Tsux'iit : le jeter dans un enclos, ensuite dans un camion, sans aucune certitude si oui ou non il rejoindra le bassin.

La TAMM avait des scrupules vis-à-vis du déménagement prévu. Un conflit en a résulté. Quand le DPO et l'aquarium de Vancouver – qui possède un passé assez ignoble vis-à-vis des épaulards- ont tenté de capturer Tsux'iit, la TAMM et la tribu Hesquiaht ont guidé en canoë la baleine vers Yuquot, le portail côtier qui a servi lors des premiers contacts entre les Nuu-Chah-Nulth et les gens du « vieux monde ».

D. Wiwchar a cité le chef de la TAMM, Mike Maquina, l'été dernier, lors de la confrontation avec le DPO : « Tout ce qu'on fait, on l'a toujours fait depuis des milliers d'années. On voyage en canoë en chantant. Un lien très spécial nous unit à Tsux'iit et nous sommes dans nos canoës pour l'aider. Nous essayons de ne pas nous attirer des ennuis mais le DPO semble vouloir que ceci devienne une bataille, bien qu'on ait clarifié nos intentions. Ils ont des gilets pare-balles, des revolvers et des bateaux à moteur puissants. Nous, nous sommes juste des rameurs dans des canoës traditionnels. »

Le DPO a enfin abandonné la traque de Tsux'iit et, à la mi-septembre, un accord de responsabilité commune a été mis en place entre la TAMM et le DPO. Le financement de cet accord est encore en pourparlers.

Le point de vue d'un colon sur la spiritualité autochtone

Le journal « Christian Science Monitor » donne un exemple bien représentatif de la réaction des médias sur l'histoire de Tsux'iit en exprimant de la consternation sur le fait qu' « on donne tant de pouvoir à un groupe autochtone ». Typiquement, la position du « Monitor » sous-entend qu'il n'y a aucune raison de donner aux membres de la TAMM des droits « spéciaux » ou de penser qu'ils possèdent une certaine connaissance du monde dans lequel ils vivent. Cette idée omet que cette communauté a vécu sur cette terre depuis des millénaires et qu'elle ne l'a jamais cédé au gouvernement canadien.

Le « Monitor » continue : « Les épaulards sont peut-être importants dans la mythologie autochtone, mais Tsux'iit n'est pas un épaulard mythologique, c'est un vrai animal. Peut-être devrait-on leur dire : « Nous sommes désolés de vous avoir volé votre terre, mais la baleine a besoin de son bassin ».

Bien qu'il admette -en citant Shakespeare- que le monde se résume a beaucoup plus que ce que le monde occidental n'accepte comme étant réel, le « Monitor » fait valoir immédiatement son privilège de déterminer la différence entre ce qui est « vrai » et ce qui est « mythologique ». Pendant ce temps, la compréhension de la situation par les lecteurs ne s'en retrouve qu'appauvrie.

Le professeur d'études autochtones nord-américaines, Arlene Hirscfelder ainsi que l'écrivaine Chippewa Paulette Molin indiquent dans la préface de « L'encyclopédie des religions autochtones nord-américaines » que « le public ne sait ou ne comprend que très peu le sujet des religions autochtones en Amérique du Nord, même si leurs problèmes sont souvent exposés dans les journaux. Malgré l'abondance des nouvelles, le public demeure ignorant des religions autochtones. Des centaines de livres et d'articles ont pourtant été publiés par des anthropologues, des spécialistes des religions et des croyances autochtones »

Le DPO prétend « comprendre la signification culturelle et spirituelle » de Tsux'iit. Cependant, pour la TAMM, la signification est bien plus profonde. En parlant de son peuple, J. James dit : « Nous avons un lien spirituel avec la nature et avec la terre qui nous entoure. » Il propose un plan d'action simple et sans confrontation : « Laissons la nature suivre son cours. C'est la position des Premières Nations Nuu-Chah-Nulth. »

Traduit de l'anglais par Catherine Sajna

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